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Le projet

Anthonominalie est une base de données interrogeable en ligne, publiée depuis 2015, complétée et mise à jour régulièrement. Elle inventorie des notices catalographiques et des références bibliographiques décrivant des dictionnaires, des glossaires, des lexiques, des listes de mots classés alphabétiquement et des recueils de mots centrés sur un thème, rédigés en langue française ou pour partie en langue française, imprimés, sur une période qui s’étend des incunables à 1600. Cette base de données ne mentionne pas les manuels de grammaire aux nombreuses listes de déclinaisons et les ouvrages ne présentant qu’un index.
Anthonominalie est un instrument de recherche académique et une œuvre d’art.
Comme instrument de recherche académique, Anthonominalie est une « base de données de référence » pour un projet international de recherche et d’étude sur les dictionnaires plurilingues d’Europe du XVIe siècle et du XVIIe siècle [1]. Elle est rédigée en vue de compléter et de réviser la bibliographie sur support papier de Margarete LINDEMANN (LINDEMANN 1994 : 542-781), référence incontournable pour toute recherche sur les dictionnaires rédigés en langue française publiés avant 1600.
Comme œuvre d’art, Anthonominalie a pour héritage les nombreuses bibliographies créatives aux références bibliographiques réelles ou imaginaires en Littérature et en art contemporain [2]. Cette proposition artistique a pour visée de bousculer les limites formelles et conceptuelles d’une œuvre d’art en présentant un objet qui ne relève pas communément d’une démarche artistique.
Pour créer cet objet, une conversion de la bibliographie de Margarete LINDEMANN en une base de données a dans un premier temps été réalisée. Une consultation systématique de nombreux catalogues d’établissements documentaires et de plusieurs métacatalogues informatisés disponibles en ligne a ensuite été engagée. Avec l’aide précieuse et enrichissante de responsables de fonds patrimoniaux, ces données sont actuellement vérifiées. Anthonominalie se compose aujourd’hui de plusieurs éditions et émissions non mentionnées dans l’étude de Magarete LINDEMANN. Pour compléter cette recherche, plusieurs tables de référence décrivant des dictionnaires ont aussi été ajoutées. Il s’agit entre autres des tables d’autorité de Charles BEAULIEUX, de Bernard QUEMADA, de Frans CLAES, de Albert LABARRE, de Nicole BINGEN et de Hans Josef NIEDEREHE.
Aujourd’hui, Anthonominalie présente plusieurs milliers d’entrées et autant de listes. Le lecteur a accès à des listes d’auteurs, de titres, de dates, de lieux d’impression et d’imprimeurs, à un champ de recherche, à une suite d’exemplaires connus, à une recherche par établissement documentaire et à des versions numériques aujourd’hui disponibles en ligne. Ces différentes listes évoluent en fonction des ajouts et des modifications apportées aux notices anthonominalie.
Dans cette base de données, aucune donnée n’est inventée. Toute information est présentée avec sa source et peut être vérifiée. Chaque notice anthonominalie cite in extenso les notices catalographiques et les références bibliographiques consultées. De la sorte, Anthonominalie comme de nombreuses tables de dictionnaires est pour partie composée de dictionnaires vus, examinés, et pour une autre partie composée de propos rapportés.
Ces propos rapportés sont au centre de mon attention. Il existe en effet, au cœur des démarches académiques que je cite des références bibliographiques erronées. Cet inventaire a pour objet de les recenser et de narrer leur histoire lorsque plusieurs études les publient.
Depuis avril 2021, des notices catalographiques et des références bibliographiques détaillant des ouvrages imprimés entre 1601 et 1650 ont été ajoutées. Ces ajouts augurent la création d’un inventaire plus étendu.


[1Cf. Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL). « Les dictionnaires plurilingues en Europe (XVIe-XVIIe siècles) », Université Toulouse - Jean Jaurès, 2020

[2Je désigne par la notion de bibliographie créative toute bibliographie imprimée ou manuscrite, publiée ou exposée, présentée dans un contexte littéraire ou artistique. La notion de bibliographie créative est proposée pour caractériser une bibliographie présente dans une création par opposition à une bibliographie académique ou à une bibliographie de recherche publiée dans un contexte académique. Une bibliographie créative peut être composée d’une liste de références bibliographiques mentionnant des ouvrages réels ou imaginaires ou peut être constituée d’un ensemble de livres physiquement présents, réels ou fictifs, façonnant une suite de titres dans une installation en art contemporain.
En art contemporain, depuis la présentation au cours des années 1960 de documents dactylographiés classés (MORRIS 1962 ; ART & LANGUAGE 1972), de la monstration de définitions photographiées (KOSUTH 1965) et suite à la création d’énumérations peintes, imprimées, énoncées ou collées (OPALKA ; KAWARA ; GETTE ; BOETTI ; HEIDSIECK ; etc.), la création de listes est au cœur de nombreuses démarches artistiques. Certaines œuvres récentes présentent des bibliographies ou des ensembles de livres (CLOSKY 2008, 2011 ; COLLIN-THIEBAUT 1980-1988 ; PLANCKE 1997, 2015, 2019 ; PREVIEUX 2006-2009 ; VIART 2014, 2017 ; etc.).
En Littérature francophone contemporaine, de même, parmi les listes publiées, il existe des bibliographies inventoriant des ouvrages réels ou imaginaires (PEREC 1985, 1991 ; VOLODINE 1998 ; DUFOUR 2007 ; GEOFFROY 2017 ; BLONDE 2020 ; SERRANO 2021 ; etc.). Georges Perec offre par exemple sept pages d’une bibliographie inventée dans sa « Mise en évidence expérimentale d’une organisation tomatotopique chez la soprano » en 1985 (PEREC 1985, 1991) et Antoine Volodine, en 1998, développe dans « Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze » une bibliographie de plus de trois cents titres imaginaires. Ces bibliographies en art contemporain et en Littérature contemporaine composent un corpus inédit à étudier. En art contemporain, en effet, ces bibliographies créatives n’ont pas fait l’objet d’une étude d’ensemble. Chaque œuvre d’art parait abordée séparément dans un discours promouvant une exposition ou une thématique. En littérature, la situation est quelque peu similaire. S’il existe plusieurs anthologies sur les livres imaginaires (GEOFFROY 1997 ; DUFOUR 2012 ; MAHIEU 2014), les études académiques sur « ces listes livresques » sont rares (GOULEMOT 1988 ; CAPPELLEN 2013 ; CAPPELLEN et SMITH 2017).